Cécile Perret Conseil, spécialiste HPI à Toulouse, présente au 1er colloque des NeuroTransmetteurs
8 novembre 2021Dans une volonté de proposer conseils, accompagnements et formations pragmatiques et sincères scientifiquement parlant, Cécile Perret Conseil s’emploie à rester informée sur l’actualité des sujets sur lesquels elle intervient.
C’est dans cette optique que Cécile Perret, fondatrice de Cécile Perret Conseil, spécialiste du HPI à Toulouse, a assisté au 1er colloque des NeuroTransmetteurs.
Celui-ci s’est déroulé à Bruxelles les 28 et 29 octobre 2021 sur un sujet aussi passionné que passionnant :
Haut Potentiel Intellectuel : avancées scientifiques et regard clinique.
On trouve à l’origine des NeuroTransmetteurs un groupe de neuropsychologues belges, passionnés par leur métier, qui ont la volonté de diffuser une information scientifique vulgarisée pour contrebalancer les neuromythes et stéréotypes dont ils entendent souvent parler au sein de leur cabinet.
Hélène JACQUES, Judith HELSON et Sébastien HENRARD se sont donc associés pour proposer colloques, conférences, formations et vidéos à un public qui, selon les cas, peut être composé de professionnels ou de personnes intéressées ou concernées par les thématiques abordées.
A l’affiche, sur ces deux jours de colloques, pas moins de 12 conférences proposées par des intervenants belges, québécois ou français.
Dans leur grande majorité, les intervenants ont contribué à l’ouvrage scientifique sur le Haut Potentiel récemment paru, dirigé par Nathalie CLOBERT et Nicolas GAUVRIT : « Psychologie du Haut Potentiel : comprendre, identifier, accompagner » Ed. De Boeck Supérieur
https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807328150-psychologie-du-haut-potentiel
Le colloque a été ouvert par le Professeur Jacques GRÉGOIRE, éminent professeur de psychologie à l’université de Louvain en Belgique sur une intervention relative aux critères et biais d’identification du Haut Potentiel Intellectuel.
Catherine CUCHE, docteur en sciences psychologiques et de l’éducation, thérapeute familiale et formatrice, enseignante à l’université de Louvain et à la Haute école de Bruxelles Brabant en Belgique, est ensuite intervenue pour présenter « Le modèle synthétique du Haut Potentiel Intellectuel (MSHPI) : repères pour une prise en charge globale et non stigmatisante ».
La 1ère matinée s’est achevée par l’intervention de Léonard VANNETZEL, psychologue spécialisé en neuropsychologue et psychopathologie de l’enfant, directeur de Oct-Opus Formations (France). L’intitulé de la conférence était « Penser le QI appliqué à la notion de Haut Potentiel Intellectuel ».
Ce qu’il faut retenir de la 1ère matinée :
– Le Haut Potentiel est intimement lié à la notion de QI (Quotient Intellectuel). Tous les autres critères que l’on associe couramment au Haut Potentiel Intellectuel, comme l’hypersensibilité, la créativité, l’humour… ne sont pas scientifiquement associés au Haut Potentiel Intellectuel.
– Il est nécessaire de sortir de l’approche dichotomique « être ou ne pas être » HPI : un QI supérieur à 130 permet uniquement de dire que la personne concernée est parmi les 2,28% des personnes les plus fortes et les plus efficientes à ce test cognitif, à un moment donné de son développement en la présence du praticien lui faisant passer le test.
Conseils : s’intéresser aux intervalles de confiance autour des notes obtenues au test, rester factuel, sortir des étiquettes et veiller à la sémantique que l’on utilise pour éviter de tomber dans le piège des stéréotypes.
Invitation : remplacer l’appellation de Haut Potentiel Intellectuel par celles de Haut Quotient Intellectuel (HQI) ou Haute Potentialité.
– Le rôle du test de QI est de servir à identifier les besoins éducatifs et psychologiques des personnes. Le modèle MSHPI permet l’approche contextualisante et la lecture globalisante des situations. Elle évite les enjeux d’étiquetage et la vision cristallisée des patients.
– Si le Haut Potentiel est un avantage dans notre monde complexe, les difficultés ne sont pas niées : elles peuvent avoir comme origine des dyssynchronies voire des asynchronies, un décalage interne entre les développements intellectuels, psychomoteurs, affectifs et sociaux.
– L’hétérogénéité est « normale » dans les profils cognitifs élevés. Cela s’explique mathématiquement, statistiquement car les chiffres perdent de leur valeur discriminatoire aux extrêmes.
– Se méfier des nombreux pseudo-experts qui diffusent des informations erronées sur le Haut Potentiel.
– Les « étiquettes » peuvent avoir une pertinence et une utilité selon le contexte, notamment le contexte scolaire dans lequel l’absence d’étiquette pourrait nuire à l’enfant (refus de saut de classe par exemple).
– 3 règles éthiques que doivent s’imposer les professionnels (psychologues, neuropsychologues, …) :
o Ne pas nuire
o Taire ce qui n’a pas besoin d’être dit
o Dire ce qui a besoin d’être dit
La 1ère conférence de l’après-midi a été donnée en visioconférence, en direct du Québec, par Eliane CHEVRIER, neuropsychologue à Montréal. Son propos était intitulé « La douance au-delà du QI ».
L’après-midi s’est poursuivi par une intervention à deux voix sur « L’analyse de la demande » proposée par Catherine CUCHE et Sophie BRASSEUR, docteure en psychologie, psychologue clinicienne, coordonnatrice de l’ASBL Singularités Plurielles, enseignante à la Haute Ecole Léonard de Vinci en Belgique.
Pour conclure la 1ère journée, c’est Isabelle GOLDSCHMIDT, psychologue systémicienne, formatrice, superviseuse, co-coordinatrice de l’ASBL Singularités Plurielles, qui a proposé une intervention sur le thème « Du diagnostic à l’identification, pour une remise de conclusions d’évaluation, utilisable par tous ».
Les 3 conférences proposées regorgeaient de précieux conseils à destination des praticiens allant de l’accueil de la demande à la restitution des résultats ainsi qu’à leur usage.
Ce qu’il faut retenir de la 1ère après-midi :
– Conserver une certaine vigilance lorsque la demande de détection est pour des enfants : la demande trouve souvent son origine dans un problème (scolaire…) : il ne faut pas se centrer sur les « symptômes » problématiques, ni sur les caractéristiques négatives pour identifier une douance.
– Évaluer les besoins d’accompagnement avant de faire passer un test de QI, notamment à un enfant. Quelques questions préalables à se poser :
o À partir de quel âge faire passer le test ?
o Faut-il repérer systématiquement ?
o Faut-il répondre à toutes les demandes ?
o À qui et à quoi sert l’identification ?
– Interroger les représentations sur le Haut Potentiel des demandeurs. Elles peuvent avoir un enjeu identitaire, une justification de difficulté ou de traits de personnalité, des enjeux familiaux. Quelques questions à se poser sur les représentations :
o Sont-elles des stéréotypes ?
o Sont-elles issues de la nombreuse littérature grand public sur le sujet ?
o Prennent-elles naissance dans un vécu familial ?
– Penser la restitution des résultats du test en fonction des besoins. A quoi sert-il ? Qui sont les destinataires ?
o Par exemple, si le besoin avait une origine scolaire, la restitution doit faciliter la différenciation pédagogique à mettre en œuvre, proposer des conseils comme, par exemple, favoriser l’initiative, l’implication de l’enfant pour améliorer sa motivation.
– Le temps de restitution doit être phasé :
1. Temps d’échange initial évoquant
* Le ressenti sur la passation du test
* La présentation de la courbe de Gauss qui sert de support visuel
* L’explication sur les intervalles de confiance et sur le concept de zone de haute potentialité
2. Temps de restitution des résultats
* Faire un lien entre les résultats et le motif de ma demande, le vécu, les représentations
3. Temps d’échange et de clôture
* S’attacher à l’intensité émotionnelle vécue par le patient qui reçoit beaucoup d’informations, porter attention aux réactions
* Veiller à la clarté des informations données : attention à la longueur des phrases, au vocabulaire employé. Penser au(x) destinataire(s) du compte-rendu écrit et aux besoins associés.
* Proposer un soutien visuel
* Questionner sur les ressentis, les conséquences possibles, les questions supplémentaires
* Proposer les approches thérapeutiques ou non thérapeutiques pour la suite
4. Temps d’échange ultérieur fortement recommandé pour répondre aux questions qui auraient pu émerger suite à la restitution
La 2ème journée a été ouverte par Nathalie CLOBERT, philosophe de formation, psychologue clinicienne et hypnothérapeute, formatrice, et par Nicolas GAUVRIT, enseignant chercheur en mathématiques et en psychologie à l’Université de Lille et à l’École Pratique des Hautes Etudes à Paris (France)., sur le thème « Croyances et représentations autour du HPI : regards croisés entre clinique et recherche scientifique ».
Sophie BRASSEUR est ensuite intervenue sur « La question sensible de l’hypersensibilité » avant que Nathalie CLOBERT ne s’exprime sur « L’accompagnement thérapeutique des personnes à haut potentiel : positionnement et enjeux ».
Ce qu’il faut retenir de cette 2ème matinée :
– La place de l’infodémie dans toute la construction et diffusion des mythes (sur les différences qualitatives, dans l’exagération de traits ;…) et des amalgames sur des caractéristiques qui n’ont rien à voir avec la sphère cognitive sur le Haut Potentiel Intellectuel : la quasi absence de littérature scientifique en langue française et les descriptions floues, englobantes, larges dans les livres de développement personnel ont contribué à faire « perdurer la légende » dans le grand public mais aussi chez les professionnels
– Le HPI « colore » les troubles, pouvant leur donner une dimension plus abstraite, plus existentielle. L’analyse scientifique infirme les idées reçues sur la fréquence plus importante de l’anxiété et de la dépression chez les personnes à Haut Potentiel.
– Il n’existe pas de personnalité type chez les personnes à Haut Potentiel
– Conseils aux praticiens :
o S’appuyer sur des études scientifiques menées sur de grands nombres de personnes
o Décaler le regard
o Explorer la personnalité du patient par le biais d’un bilan global et d’un diagnostic différentiel
– Contrairement à la croyance répandue, l’hypersensibilité n’est pas liée au Haut Potentiel. La croyance est due à un biais de représentativité, à une large diffusion du message erronée, à une confusion entre hypersensibilité et mauvaise gestion émotionnelle.
Il est important de déconstruire cette croyance car :
o C’est enfermant pour le patient
o Cela évite de s’installer dans une forme de fatalité
o Cela permet de travailler sur chaque tableau (Haut Potentiel et hypersensibilité) en les dissociant
o Cela permet de travailler l’éventuelle gestion difficile des émotions
– L’hypersensibilité n’est pas forcément quelque chose de négatif mais elle peut rendre les émotions plus compliquées à gérer dans leur intensité
– Le modèle ISA (Identité – Socialisation – Accomplissement) présente de nombreux intérêts pour l’accompagnement psychologique des personnes à Haut Potentiel Intellectuel. Il permet de :
o Construire une image fidèle de soi
o Travailler sur l’adaptation sociale
o Observer l’accomplissement du potentiel
– La découverte du Haut Potentiel Intellectuel chez une personne provoque souvent une crise identitaire :
o Déstabilisation identitaire
o Révélation
o Explication absolue
o Nouvelle organisation (avec relativisation de l’intelligence)
Il faut cependant veiller aux potentiels écueils qui peuvent apparaître durant cette crise :
o L’accrochage identitaire (fortement favorisé par les nombreux groupes Facebook)
o L’étiquette comme écran
o La résistance au changement
o La fonction occupée par le HPI chez la personne
– Conseils aux praticiens sur la découverte du HPI chez un patient :
o Prendre en compte le moment, l’intérêt de la personne, le rôle de l’accompagnement thérapeutique
o Accompagner les questionnements existants
o Respecter le rythme de la personne
o S’interroger sur sa propre relation au HPI (ce que cela suscite en soi, quel intérêt on y porte, travailler sur soi et son histoire)
C’est Mehdi LIRATNI, docteur en psychologie, psychologue libéral et thérapeute cognitivo-comportementaliste, enseignant à l’université de Montpellier, qui a débuté la dernière demi-journée du colloque avec une conférence sur « Le HPI est-il un facteur de risque de troubles de l’adaptation sociale ? »
Nicolas GAUVRIT s’est ensuite exprimé sur « Le jeune HPI, élève à besoins éducatifs particuliers » avant de laisser la place à Sylvie TORDJMAN, professeure en pédopsychiatrie, chef du pôle PHUPEA et responsable du Centre Nationale d’Aide aux enfants et adolescents à Haut Potentiel (CNAHP) à Rennes qui a présenté le « Rôle des facteurs d’environnement dans le développement et l’expression du haut potentiel ».
Ce qu’il faut retenir de la dernière demi-journée :
– L’intelligence est une capacité d’adaptation. Si un enfant à Haut Potentiel présente des difficultés de socialisation, il est important d’analyser le contexte :
o Est-il valorisé par les autres pour ses forces ou marginalisé par rapport au HPI ?
o A-t-il besoin de rencontrer des enfants plus stimulants ?
o A-t-il les bonnes ressources (codes sociaux) ?
Le HPI n’est pas le problème, en soi, dans la socialisation.
– L’accompagnement thérapeutique d’un enfant à HP présentant des difficultés de socialisation passe par un entraînement aux habiletés sociales pour
o Travailler sur les codes sociaux
o Expérimenter les codes sociaux
o Développer une meilleure image de l’enfant
o Développer une vie sociale plus satisfaisante
Cet entraînement peut être réalisé au travers de l’ABA
– Pour les adultes à Haut Potentiel en difficultés de socialisation :
o Thérapie ACT afin de développer la flexibilité psychologique
o Thérapie de la cohérence pour amener à une restructuration émotionnelle
– De l’importance d’agir pédagogiquement pour les élèves à Haut Potentiel :
o Certains vont mal
o Le but de l’éducation est de permettre d’accomplir pleinement son potentiel
o Pour la société, il peut être important de transformer le potentiel en talent
Les différentes actions pédagogiques possibles sont :
o La différenciation
o L’enrichissement
o Le regroupement en groupe homogène ou hétérogène
o L’accélération
L’enrichissement et l’accélération ont des effets positifs, quand ils sont bien appliqués.
– Dans le modèle psycho-environnemental du CNAHP, l’environnement (familial, scolaire, professionnel, sociétal) a un rôle primordial dans le développement et l’expression du Haut Potentiel car il agit sur 4 facteurs (MEES) :
o Motivation
o Enrichissement
o Effort
o Soutien
Sur le plan scolaire, plusieurs points sont impactants :
o La motivation des enseignants
o Le maintien d’un niveau adapté de challenge
o L’enrichissement par la diversité des pratiques, la maîtrise des techniques (l’enrichissement doit être de type I : activités d’éveil et d’exploration visant à élargir les intérêts de l’enfant)
– Dans l’environnement scolaire, l’usage du QADAPS (Questionnaire d’Aide à la Décision d’Ajustement du Parcours Scolaire) comme outil de dialogue facilite la mise en place de mesures d’ajustement
En conclusion, ces deux jours de colloque ont été riches d’enseignements et de rencontres.
Les différentes interventions ont soulevé l’indispensable besoin de poursuivre la communication, l’information sur la réalité du Haut Potentiel Intellectuel afin de déconstruire les croyances, mythes et stéréotypes qui l’entourent.
Les difficultés que peuvent rencontrer les personnes à Haut Potentiel Intellectuel n’ont nullement été niées mais elles ne trouvent pas directement leur origine dans le Haut Potentiel. Il est important de contextualiser la situation et d’avoir une lecture globale pour pouvoir offrir un accompagnement thérapeutique ou non thérapeutique adapté aux besoins de la personne.
Un immense BRAVO à l’équipe des NeuroTransmetteurs pour la qualité de l’organisation et un grand MERCI aux différents conférenciers pour la richesse des contenus proposés.
Le prochain colloque des NeuroTransmetteurs aura lieu les 5 et 6 mai 2022 à Louvain-la-Neuve en Belgique.
Le thème abordé sera le Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH).
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